Lu pour vous...

Trois jours chez ma mère, de François Weyergans

Ce roman, car il s'agit bien d'un roman, qui a même obtenu l'équivalent du Pulitzer à Paris, c'est dire, est la digression d'un roman qui s'intitulerait Trois jours chez ma mère.

Digression n.f. (lat. digressio, de digredi, s'écarter de son chemin). Développement étranger au sujet, dans un texte, un discours, une conversation.

Larousse le dit qui ne se trompe jamais (je suis plus Larousse que Petit Robert), Weyergans s'écarte de son sujet, sa mère, les relations avec sa mère, la vie de sa mère après son père. Il nous a raconté son père dans Franz et François, j'ai d'ailleurs hésité entre les deux pour cette chronique Lu pour vous, j'ai lu les deux, Trois jours en premier et Franz et François ensuite.

Comment se fait le choix d'un ouvrage Lu pour vous? Vous aurez compris j'espère qu'il s'agit de coup de coeur. Il y a une part de subjectivité, une autre d'impulsivité. Page 143 de l'éditon Folio (je suis plus Folio que Livre de Poche) le livre commence enfin, François Weyergraf pense à la page de titre, comme s'il venait de retrouver le chemin qu'indiquait le titre de notre Folio catégorie F8 payé 10 euros à la FNAC. Page 145 il nous fait découvrir les trois chapitres terminés, le héros François Weyerstein doit écrire un livre sur sa mère, mais il se laisse divertir par une coucherie, par son érudition, par la vie.

Trop de chemins mènent à Rome pour croire au monothéisme.

La procrastination est un leurre grossier qui ne trompe décidément que les critiques. De même le thème du double. Staline entretenait cinq sosies qu'il avait disposés dans son empire pour éventer une tentative d'assassinat. Le vrai Staline n'est pas mort en 1953 mais en 1941, c'est un sosie qui a repris le rôle principal et terminé la guerre. Saddam Hussein en avait une dizaine, le vrai serait toujours vivant, vivrait aux Etats-Unis où il serait devenu geek et répandrait les théories du complot et des illuminati sur internet. Mais revenons à nos François : Weyergans en créant Weyergraf qui a crée Weyerstein ne se perd pas, ne nous perd pas. Le roman s'écrit et c'est la force de Weyergans, comme le prédestigitateur qui, pour que nous ne voyons pas le truc détourne notre attention, pour ne révéler l'effet qu'à la toute fin, dans les derniers mots. La légèreté du style, l'esprit de l'auteur et les pistes intellectuelles qu'il nous indique ne sont que feintes - il a trop insisté, trop dit dans le titre pour que nous n'y pensions pas pour lui.

Trois jours chez ma mère, ce n'est pas un livre à écrire ni une confession à témoigner, c'est un tour de passe-passe pour échapper au temps en entretenant la mémoire. Un truc de romancier plutôt mal payé. Plus Weyergans que Goncourt.

TROIS JOURS CHEZ MA MERE

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