THE HOLLOW MEN
Lu pour vous...
The Hollow Men de T.S. Eliot
Quel délice de lire un poème sans se dire qu'on va devoir l'apprendre par coeur, et le réciter devant une foule hilare et cruelle, pour se ramasser une note étique et dans sa chambre maudire la prof, le poète, le monde entier.
Quel délice de lire un poème d'Eliot sans se croire obliger de comprendre ni de revenir à Rome.
Quel délice d'ignorer la traduction de Leyris, en y jetant certes par moment un coup d'oeil coupable mais nécessaire, car la poésie comme l'humour est intraduisible, et mon niveau d'anglais cantonien.
Je n'ai pas lu pour vous The Hollow Men : je l'ai scandé à travers mes pièces, je l'ai hurlé sur la colline, je l'ai rappé, we are the hollow men, we are the stuffed men, je l'ai sifflé en conduisant, oui Eliot se rappe, surtout The Hollow Men, rapeux à souhait, bon peut-être pas la dernière partie, avec les figues de barbarie et le royaume qui est tien. Peut-être faut-il avoir lu Au coeur des Ténèbres de Conrad, qui a donné Apocalypse Now de Copolla et donc ce poème guilleret et sec, macabre et religieux, concis, étrange. Il y a de l'étrangeté du rêve, qu'on sait faux mais qui dans sa fausseté manifeste nous laisse entrevoir de bien curieux arrière-mondes.
Eliot entre en religion et je l'y laisse, du parvis sous la fine pluie d'été d'un Londres irréel j'entends son chant, dont le vent coulis du siècle fait varier l'intensité.
Eyes I dare not meet in dreams
The eyes are not here
There are not eyes here
In this valley of dying stars
Comme dans un rêve un mot à la fin va tout révéler, tout modifier, et vous voudriez le comprendre que son sens immanquablement vous échappe :
This is the way the world ends
Not with a bang but a whimper
Il suffisait à Coppola de faire dire cette phrase à Brando et il tenait sa fin (dans un murmure).