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Plein de Caporal
15 juin 2015

2666

roberto_bolano

Lu pour vous...

 

2666, de Roberto Bolaño

Santa Teresa n'existe pas. Là-bas, aux confins du Mexique, on y tue les femmes sans raison. Quel rapport avec le plus grand et le plus mystérieux des écrivains allemands d'après-guerre? Cet Archimboldi non plus n'existe pas. Les personnages de ce livre gigantesque qu'est 2666 pour notre minuscule vingt-et-unième siècle voudraient se croiser, et le lecteur voudrait qu'ils se rencontrent, mais une inertie toute sud-américaine empêche l'action de se dérouler. Tout les éléments sont là, et le lecteur a sa petite idée, mais il ne se passe rien dans le texte imprimé. Qu'importe, Bolaño n'existe pas. L'action du livre se passe dans la tête du lecteur.

Vous pouvez chercher partout, à Mexico DC, à Barcelone, à Hambourg, Bolaño n'est nulle part. Mais dans 2666 il est partout. Il est Archimboldi et le fils d'Archimboldi. Il est chacune des victimes de Santa Teresa, il est aussi l'enquêteur, il est surtout le meurtrier multiple et caché. Il est Fate, il est Amalfitano. Il est cet improbable trio de critiques. Le lecteur qui a en main les mille pages de 2666 devient son auteur, le nom de Roberto Bolaño n'est que la vulgaire matière du roman.

Je n'ai pas lu pour vous 2666, je l'ai écrit. Bolaño n'est qu'une matière évanescente qui ne s'est pas survécue. Les exécuteurs n'ont pas respecté sa volonté de le sortir en cinq volumes, tout va bien. A Santa Teresa, n'est-ce pas, un cadavre de plus ou de moins. C'est la leçon de Roberto Bolaño : en littérature la volonté du lecteur l'emporte sur toute autre considération. Ainsi des critiques qui ne parviennent pas à approcher l'oeuvre admirée, ainsi des centaines de meurtres qui ne parviennent pas à déclencher une enquête digne de ce nom, ainsi d'Archimboldi lui-même qui n'assumera jamais son "rôle" d'écrivain.

L'avis de Bolaño, il le trouve chez notre Baubau national :

une oasis d'horreur dans un désert d'ennui

Et le lecteur de conclure, en restant chez nous :

Coeur transi reste sourd aux cris du marchand de glace

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Plein de Caporal
  • Dire ce que l'on a sur le cœur, ne pas voler, le dire en chantant, en écrivant, Odysseus déjà les lui confiait, ses tourments, pour rigoler, menteur métissé, enchanteur, en chantier, et puis lire encore, l'ouvrir aux autres, le fermer enfin.
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