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Plein de Caporal
17 septembre 2015

LA TRILOGIE DES CONFINS

 

Lu pour vous...

cormacmcarthy

La Trilogie des Confins, de Cormac MacCarthy

ll n'y a pas de psychologie, il n'y a plus de raison après la frontière. On a quitté le royaume de Dieu pour une terre des hommes, au sens Dostoïevskien, là précisément où tout peut arriver. Il n'y a pas de style littéraire identifiable, avec ses clins d'oeil, ses renvois, ses codes. C'est comme si c'était la première fois qu'on décrivait ce pays et ces gens, la première et la dernière fois.

MacCarthy ne nous laisse pas respirer, il accumule les mots pour éviter que ne s'échappe la pensée. Elle est là pourtant, sous-entendue dans ces dialogues rapides qui n'ont d'autres sens que de prouver à leurs protagonistes qu'ils sont encore humains, voire encore vivants. Une logorrhée phatique qui est la vraie expression du petit peuple, enfin un petit peuple américain, profondément paysan.

Il n'y aura rien d'autre, ni humour, ni espoir, ni même une révélation à attendre. La vie est un chemin qui mène à la mort et qui ne va pas devenir plus facile, de même le ciel recouvre la terre et la maltraite, et entre eux les hommes se débattent ou ne se débattent plus. Le message de MacCarthy est terrible, implacable, sans appel. Cet homme n'aurait pas pu faire politicien ni prêtre, encore moins un juge, il ne sait dire que la vérité - à peine s'il la met en scène, dans le choix des lieux, des actions et de leurs dénouements. Il n'y a aucun effet, les choses arrivent, les gens prennent des décisions et d'autres choses arrivent.

Charles Bukowski à propos de John Fante disait qu'il avait introduit le hasard en littérature, comme ce hasard que l'on rencontre dans la vie, la "vraie vie". Avec une économie de moyens sans doute née d'années de travail et de répétition du style, MacCarthy plonge le monde entier dans le hasard, et le lecteur plutôt que de chercher à percer à jour une vérité se rend compte que la vérité, c'est la réalité que l'on a eu la chance de vivre. La vérité de Billy Praham est faite de temps, d'expériences, de rencontres. Le bien et le mal sont des notions météorologiques. La frontière, un tas de pierre dressé par les hommes dans un même désert.

La Trilogie des confins est un long roman initiatique dans le far-west des cow-boys - si loin et si proche de l'imagerie de John Ford. Même d'une vie d'errance dans une terre maudite, on apprend, et c'est la raison pour laquelle tous les personnages de cette fresque, tous sans exception, recherchent d'un regard avide et d'un coeur inquiet ce qu'il y a derrière la vérité : l'apprentissage, la compréhension du monde et de tout ce qu'il contient.

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Plein de Caporal
  • Dire ce que l'on a sur le cœur, ne pas voler, le dire en chantant, en écrivant, Odysseus déjà les lui confiait, ses tourments, pour rigoler, menteur métissé, enchanteur, en chantier, et puis lire encore, l'ouvrir aux autres, le fermer enfin.
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